Nicolas est coupeur dans les ateliers de Monsieur Paul, fabriquant des chaussures Unsibeaupas. Arrivé il y a 11 ans dans la profession après une reconversion professionnelle, il revient sur les caractéristiques de son métier avec passion.
Nicolas, coupeur depuis 2011. Photo DR ©
C’est quoi un coupeur ?
Coupeur, c’est comme joueur de Tetris dans les années 80. Je prends une peau, examine l’état général. J’appose les différentes pièces qui composeront la chaussure sur le cuir. Je choisis les endroits les moins beaux pour les pièces les moins nobles comme les enrobages talon, pour économiser la peausserie au maximum et faire le moins de dégâts possible. Il faut emboiter les pièces pour avoir un minimum de chute au final. Depuis 2015 on travaille avec une machine numérique qui permet de couper dans le cuir. Mais avant c’était à la main ou à l’emporte-pièce ! C’est un gain de temps et d’argent.
Comment avez-vous atterri dans cet univers ?
Au départ j’étais responsable des achats dans le bâtiment. Je m’occupais du suivi des chantiers. J’ai quitté l’entreprise lorsqu’elle a été reprise en 2011. Au même moment, mon cousin Sébastien Paul cherchait un coupeur, car le sien partait à la retraite. A 35 ans, je dois réapprendre un nouveau métier, qu’il m’explique lui-même. Au départ on ne savait pas vraiment où on allait. Mais aujourd’hui ça fait 11 ans que nous travaillons ensemble.
Pas toujours évident de changer de métier. Les débuts étaient difficiles ?
C’était complètement différent de ce que je faisais avant. Je suis passé d’un travail de bureau à un métier où je suis debout pendant 8h ou 9h. Je comptabilise 10 à 12 km par jour parcouru à petits pas. C’est une habitude à prendre. Mais au moins je n’avais plus à m’occuper des clients pénibles ! Et puis il faut tout apprendre, le cuir, la méthodologie… On parle « d’avant » et « d’arrière » sur une chaussure, mais pour moi au départ c’était des termes de foot ! L’avantage c’est que c’est une toute petite structure, c’est très familial. Pour avoir des retours sur son travail c’est mieux.

Depuis 2015, la découpe se fait à l’ordinateur dans l’atelier de Monsieur Paul. Auparavant, c’était à la main ou à l’emporte pièce, d’où la celèbre expression. Photo DR ©
Combien de temps faut-il pour maîtriser le métier ?
J’en ai encore à apprendre, ce n’est jamais terminé. Chaque peau est différente, chaque client a des exigences différentes… Pour une marque de luxe, on utilise 40% à 50 % de la peau. Pour des budgets plus petits on utilise un peu plus de peausserie. Certains clients recherchent les aspérités dans le cuir car cela rend la pièce unique, comme une petite veine par exemple. D’autres considèrent que c’est un défaut. C’est comme en menuiserie. Certains aiment le bois « propre » et d’autres préfèrent quand il y a le veinage est apparent.
Vous êtes au début de la chaîne de production, j’imagine que c’est un rôle important ?
Tous les postes sont importants ! Mais comme je suis en début de file, s’il y a un problème dès le départ, ça se répercute sur toute la chaîne. Je commence à 5h justement, pour que les premiers modèles arrivent aux étapes suivantes de fabrication à 7h, à l’ouverture de l’atelier.
Quel est l’aspect que vous appréciez le plus dans ce métier ?
Découvrir de nouveau modèles et de nouvelles matières. Je m’émerveille à chaque nouvelle collection. Et c’est le cuir que je préfère, il y a un vrai respect de la matière. Pour le tissu, il n’y a pas ce jeu de puzzle, on optimise juste.
Vous prenez des risques à travailler avec des lames ?
Ce n’est pas un métier dangereux. Même quand on travaille à la main, il n’y a pas plus de risques que quand vous coupez un saucisson pour l’apéritif.
Qu’est-ce que le savoir-faire français apporte dans votre métier ?
En France, on a un meilleur respect envers le produit. La charte du client est mieux respectée, on va moins dans les défauts du cuir. En Afrique du nord par exemple, où l’on est payé à la pièce, on mise sur la quantité plutôt que sur la qualité.
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