Dans le monde merveilleux du Made In France, il y a ceux qui font un peu, et ceux qui en font…. Énormément. C’est le cas de Tristan Rodriguez, que je vous propose de rencontrer aujourd’hui. Lui, la fabrication française, il y croit dur comme fer et c’est le chemin qu’il a choisi pour son entreprise, le groupe Kramer.
Des savoir-faire français sauvés de justesse
Rappelez-vous, le covid. Souvenirs au goût doux-amer pour certains, vrai enfer pour d’autres. Pour les salariés de la Jurassienne de la Céramique française, c’est bien un chemin de croix qui s’est ouvert devant eux lorsque la marque Jacob Delafon, propriétaire de l’usine dans le Jura, annonce la fermeture des lieux en septembre 2020.
Cette fermeture aurait pu être un drame comme la France en a malheureusement connu beaucoup d’autres, si le dossier n’était pas arrivé sur le bon bureau, celui de Manuel et Tristan Rodriguez, dirigeants du groupe Kramer. « La fin de la dernière usine de fabrication de céramique sanitaire en France, on ne peut pas permettre un truc pareil. » s’exclame Tristan.
Artisan de la Jurassienne de Céramique française. Photo DR ©
Le Made In France, dès les racines
Il faut dire que le Made In France, c’est un peu la fibre de de ce jeune patron d’industrie. Déjà président du label Entreprise du Patrimoine Vivant pour le grand-est, ambassadeur lesitedumadeinfrance.fr, il est à la tête du groupe familial, fondé par son père Manuel alors un peu à contre-courant des tendances économiques de l’époque. « Dans les années 70, à essayer de convaincre les banques et se rêver leader de la robinetterie en France, en pleine désindustrialisation du pays, je vous laisse imaginer » plaisante Tristan. Raillés au début, c’est pourtant ce qui s’est passé avec le temps.
Alors que la marque revendait déja 80% de sa production à Saint-Gobain sous le nom Alterna, le groupe décide de pousser le made in France plus loin encore, et de reprendre la marque Horus en 2019, spécialisée dans la robinetterie de luxe, reconnue dans le monde entier. Avec la reprise de la Jurassienne de Céramique, le groupe Kramer peut désormais se dire premier ensemblier de la salle de bain en 100% made in France.
Tristan Rodriguez (à gauche) et son père Manuel Rodriguez (à droite) Photo DR ©
Le Made In France, un argument solide ?
Au début du projet Kramer, personne ne croyait vraiment au Made In France. Mais au fil du temps s’est créé tout un écosystème autoprotégé. Et aujourd’hui « en produisant français, on est capables d’être très compétitifs ». D’après le dirigeant, pour que cela fonctionne, c’est aux territoires de s’emparer du sujet.
Pour créer une industrie française forte, il faut que tout le monde rame dans le même sens, pouvoir politique, tissu économique local, sous-traitance, formations… Cela se décline à tous les niveaux. « Protéger, faire rayonner, et transmettre. » résume Tristan.
Prochainement le groupe sera labellisé « entreprise à mission » sur la préservation et la transmission du patrimoine français.
« C’est ce qui nous anime depuis toujours » conclue le dirigeant.